Une coiffure originale, pour permettre une « meilleure circulation des idées »

Matali Crasset a été , certes, une ancienne collaboratrice de Philippe Starck, lorsqu’il était le directeur artistique de Thomson entre 1993 et 1997, mais c’est surtout une artiste à la renommée internationale dans l'univers du design, qu'on reconnait facilement grâce à… sa « coupe au bol », ce dont elle s’amuse : « On va rire, mais je trouve que cette coupe permet une meilleure circulation des idées ! »  « Elle me permet de réfléchir, il y a une bonne ventilation dans la tête, car faire du design, c’est, à 80 %, penser d’abord » - et ses lunettes carrées :  « Un moyen d’exprimer sa personnalité avec l’idée d’ouvrir les yeux et d’avoir une curiosité permanente ». C’est sa manière de mettre du sens dans tout avec légèreté et ironie.

Matali au lieu de Nathalie

Au détour d'une visite à une classe, on découvre que son prénom est en réalité Nathalie avec un N. Mais elle a choisi de garder la prononciation erronée d'un enfant qui l'appelait Matali. Et ça lui va assez bien, parce que l'enfance est partout dans son travail.

« Rendre la Terre plus habitable. »

Elle invente un manège itinérant et interactif pour le Centre Pompidou : Saule et les Hooppies. Le spectacle incite la famille à se préoccuper d’écologie. Le documentaire nous fait vivre la conception et la fabrication de ce carroussel, commandé par le Centre Pompidou, à Paris, dans lequel des écureuils sont joliment fabriqués en tube métallique.

Ce manège musical enchanté est aussi très écologique, puisque ce sont les adultes qui pédalent pour que les enfants tournent, et qu’il est conçu pour sensibiliser les enfants à notre lien à la nature. Car, avant tout, l’artiste prône le vivre ensemble grâce à l’art :« J’avais envie de partager, de proposer des choses, de rendre la Terre plus habitable et de continuer à imaginer le monde de demain. »

« Le saule » , « un abri ouvert ».

Entre autres, on apprend l’importance d’un saule pour Matali Crasset, dont les origines sont paysannes et terriennes, lorqu’elle explique que cet arbre se situe pour elle entre la maison et la cabane, entre milieu ouvert et fermé.

En effet, pendant son enfance, c’est un saule qui se trouvait dans la ferme familiale, au feuillage protecteur, et en ouverture sur les collines, qui fut déterminant pour lui inspirer ses créations actuelles d’espaces modulaires à destination du public (espaces culturels, bibliothèques,…), où on retrouve l’idée d’un saule qui offre un abri ouvert.

Jean-Baptiste Godin, un des premiers designers

Pour Matali Crasset, un des premiers designers, c'était Jean-Baptiste Godin. Cet industriel du 19ème siècle s’est révélé être une sorte de généreux designer du réel, car il pensait à tous les aspects de la vie des habitants du Familistère de Guise, , et qu’il a fondé dans le département de l’Aisne.

Par exemple, c’est lui qui en a conçu les berceaux, pour qu’un bébé ne réveille plus ses parents. L'œuvre de ce chef d'entreprise avant-gardiste, édifiée sur un ensemble de six hectares a accueilli des logements familiaux pour le personnel, une piscine, un théâtre, une école…

A lire aussi :

• un article de Renaud Machart publié dans le journal » le MONDE » le 09 novembre 2019 :

«  Sur France 5, l’utopie pragmatique de la designer Matali Crasset ».

« Rémy Batteault signe un portrait instructif et chaleureux de l’artiste française aux créations ludiques mais aussi ancrées dans le réel et le pratique. »

A voir aussi :

• Le documentaire de 52 min.  de Rémy Batteault , diffusé le Samedi 9 novembre 2019 à 22h25 sur France 5.  Désormais disponible en vidéo à la demande : à louer pour 2,99€ : https://vimeo.com/ondemand/matalicrasset

Dans ce documentaire de Rémy Batteault (« Matali Crasset , le design ludique et politique » , Fr., 2019, 52 min.), la designer de renom évoque ses origines, son apprentissage parisien, ses influences et certains de ses objets emblématiques, qui effacent les frontières entre design et art contemporain.